Elle est venue te dire...

Publié le par Vinciane

La vie fait parfois mal sous ses trompeuses apparences. Elle nous fait croire qu’on a droit à notre part de bonheur, qu’on pense bien méritée, mais très vite elle se ravise, elle nous pique au plus profond de nous de son dard trop épais pour traverser notre âme, mais bien assez sanglant pour nous ouvrir le cœur.


La vie fait parfois mal mais elle est vérité, une vérité incontrôlable bien que trop douloureuse. Ne pas l’accepter, c’est remettre à plus tard notre part de souffrance. C’est croire que les choses vont changer, alors qu’au fond on connait déjà la fin. Pourtant se résigner, c’est croire qu’il n’y a plus d’espoir. Alors que faire, que penser, quand on est déchiré entre ne penser qu’à soi et trop penser à l’autre. Que doit-elle faire quand tu la déchires, mais que son âme est entrée en toi et refuse d’en sortir. Elle n’aura pas la force de t’aimer seule, mais encore moins le courage de te quitter. Elle t’a choisi, mais tu ne l’as pas choisie toi, et c’est aussi cruel pour elle que pour toi de continuer à faire semblant. Semblant que toi aussi tu l’aimes un peu, même si elle sait que ce n’est pas vrai. Semblant que tu es bien avec elle, alors que ton cœur dit le contraire. Et un cœur qui parle est bien plus puissant que la plus forte des paroles. Car un cœur sait souffrir quand le corps fait croire à l’autre le contraire. Si tu n’es pas heureux, elle ne peut pas l’être non plus. Car être avec une personne qui ne l’aime pas est bien plus douloureux pour elle que d’être seule. Et pourtant elle refuse de se résigner, car elle a retrouvé goût à la vie à travers toi. Est-ce de l’égoïsme que de vouloir être avec une personne qui nous rend heureux ? Sans doute un peu, quand on sait qu’on ne peut pas rendre l’autre heureux. Mais pourquoi. Des milliers de raisons encrent l’absence de sentiments dans l’esprit d’une personne. Tu lui dis que tu ne sais pas lui apporter ce dont elle a besoin, et pourtant elle seule peut savoir ce dont elle a besoin, et elle seule sait que si elle est là, c’est parce qu’elle y est bien, sereine, épanouie. Tu lui dis que c’est toi qui n’arrives pas à régler tes propres problèmes, mais on a tous nos problèmes, qui nous appartiennent à nous seuls, et qu’on ne veut pas partager. Elle ne veut pas t’imposer les siens, et tu n’as pas besoin de lui imposer les tiens. Mais a-t-on vraiment besoin d’être seul pour se retrouver, pour se comprendre, pour avancer ? Elle pense que toutes ces choses ne sont que des excuses, comme il pourrait y en avoir bien d’autres. Peut-être qu’elle n’est pas assez bien pour toi, peut-être qu’elle est trop présente, peut-être aussi que tu as peur qu’elle soit dépendante de toi, et tu refuses qu’on soit dépendant de toi car tu n’es pas dépendant des autres. Peut-être encore que depuis le début, tu t’es laissé guidé dans un engrenage duquel tu ne sais plus comment sortir, que tu n’as jamais eu de sentiments pour elle, qu’elle ne correspond pas à l’image de la personne avec laquelle tu voudrais être. Mais elle ne veut pas y croire. Elle ne veut pas croire que tu as laissé tous ces mois s’écouler sans rien dire, et que pendant tous ces mois tu n’as pas été heureux. Elle ne veut pas croire que tu n’as aucun sentiment pour elle. Parce que quand elle lit dans ton regard, elle y voit plus que de la simple compassion. Ou en tout cas elle l’espère…

 

Toute la beauté du monde n’est rien quand on n’a pas à nos côtés la personne avec qui on veut la partager. Sais-tu seulement pourquoi elle a détesté ce film ? Parce qu’il raconte l’histoire d’un homme qui pendant des années, se bat pour conquérir le cœur d’une femme, alors que cette femme au départ ne l’aime pas. Pendant des années il nourrit l’espoir qu’elle finira par l’aimer… mais faut-il forcer le destin ? Pourtant, finalement, il y parvient, et elle cède.


Elle s’est retrouvée dans cet homme, mais toute la beauté du monde ne suit pas toujours. Elle s’est retrouvée en lui car depuis le début elle a le sentiment qu’elle a triché. Parce que très vite elle a eu des sentiments pour toi, sans s’en rendre compte, et, consciemment ou pas, très vite elle a souhaité qu’il s’agisse plus que d’une simple cohabitation. Vous vous entendiez bien tous les deux, vous étiez très complices, très proches. Elle ne sait pas vraiment si c’était une simple pulsion sexuelle sur le moment, ou si c’était plus que ça, qui fait que tu as cédé. Mais elle ne se posait même pas la question, car ce qu’elle voulait, c’était être avec toi. Peut-être qu’avec plus de recul elle se serait rendu compte qu’elle était bien trop entreprenante, qu’elle était bien trop démesurée dans ses sentiments. Peut-être qu’elle se serait rendu compte que tu n’avais aucune envie de te sentir étouffé, prisonnier. Mais encore une fois, elle ne se posait pas la question, parce qu’elle commençait à goûter au bonheur ; et comme une égoïste, elle en voulait encore plus. Elle était heureuse.


Quand on vit ça, tout semble évident. C’était évident qu’elle voulait être avec toi, et, ce qu’elle pensait, c’est que c’était évident que toi aussi tu voulais être avec elle.


Elle a toujours aimé jouer avec le feu, et plus elle était attachée à toi, plus les disputes se déclenchaient. Parce qu’elle ne savait pas vraiment jusqu’où elle pouvait aller. Peut-être qu’elle voulait tester ton attachement à elle, peut-être voulait-elle simplement savoir combien tu tenais à elle. Mais c’est souvent trop tard qu’on se rend compte qu’il y a des questions qui ne doivent pas être posées. Parce que pour toi c’était un jeu tant que tout se passait bien, mais quand elle faisait sa princesse et qu’elle rêvait que tout tourne autour d’elle, c’était insupportable pour toi.


Elle aurait simplement dû comprendre qu’on ne mesure pas des sentiments, parce que derrière tous ces orages résidait une seule chose : elle avait peur que tu ne l’aimes pas assez. Et toi, tout au contraire, tu avais peur qu’elle t’aime trop. Mais on ne mesure pas des sentiments, et peu importe leur puissance, peu importe leurs conséquences, ils sont là, et on ne doit pas essayer de les contrôler. Elle n’avait pas le droit de vouloir que tu l’aimes plus, et tu n’avais pas le droit de vouloir qu’elle t’aime moins.


Alors à force de jouer avec le feu, elle a fini par se brûler les ailes. Elle a failli te perdre, et elle a eu très peur. Et elle a eu mal aussi. Mais toi tu n’aimes pas faire souffrir les gens, parce que tu es quelqu’un de bien. Parce que tu veux que tout ce que tu fais soit bien fait, parce que tu as besoin de ça pour avancer, et parce que faire souffrir les gens, ce n’est pas bien. Alors tu n’aimes pas faire souffrir les gens. Mais la vie est bien plus complexe que les deux simples notions de Bien et de Mal. Faire souffrir les gens, ce n’est pas mal non plus. C’est humain, c’est involontaire souvent, c’est parfois même incontrôlable.


Tu ne voulais pas la faire souffrir alors tu es resté. Est-ce que c’est vraiment ce que tu voulais, elle ne le savait pas vraiment, mais elle était à nouveau dans tes bras. Et c’était important pour elle. Pourtant après, elle continuait à avoir peur, car le moindre faux pas pouvait très vite faire dérailler le train. Elle ne voulait pas de ça à nouveau, mais vous n’arrêtiez pas de vous provoquer sans arrêt. Peut-être cherchais-tu à déclencher ça parce que tu ne savais pas comment faire. Peut-être que c’est elle qui s’en voulait de cette impression de distance qui naissait entre vous. Mais malgré tout, vous avez continué. Et dans tout ça, n’y a-t’il pas eu de bons moments ? N’y a-t’il pas eu de fous rires, de tendresse, de complicité ?


Tu es rentré changé de ce week-end. Elle ne sait pas pourquoi, et tu lui a dis que ça ne datait pas de ce week-end, mais tu es rentré changé. Avant tu venais vers elle, tu l’appelais par des petits noms, tu souriais quand tu la regardais. Alors évidemment, il ne lui a pas fallu un jour pour se dire qu’il y avait un problème. Cette distance froide que tu as mise entre vous deux, elle ne savait pas quoi en penser. Alors elle a pris le courage de te le demander. Et bien sûr, tu lui as dit que tu ne savais pas quoi faire. Bien sûr tu lui as dit que si les choses devaient s’arrêter là, tu avais peur des conséquences. Tu n’imagines pas ce qui peut se passer dans la tête d’une fille à qui tu dis tout ça. Elle était troublée. Elle était troublée parce que malgré tes mots, tu continuais à la prendre dans tes bras, malgré tes mots tu continuais à lui faire l’amour. Et dans sa tête elle se disait : cet homme avec qui je suis si bien, n’est pas bien avec moi. Et parce qu’il a peur de me quitter, il reste, car il ne veut pas que je sois triste.


Peut-on rester avec une personne quand on n’a pas envie d’être avec elle ? Mais n’as-tu vraiment plus envie d’être avec elle ? Elle ne comprenait pas comment c’était possible, ni ce qu’elle devait faire. Et puis quand tu parlais de conséquences, n’y avait-il vraiment que sa tristesse que tu avais peur d’affronter ? Et cette complicité sexuelle que vous aviez, n’allait-elle pas te manquer ? ou peut-être était-elle la seule à ressentir ça ? Peut-être que c’était aussi pour ça que tu ne voulais pas arrêter. Mais peut-être que tu te disais que le sexe ne peut pas être le ciment d’un couple, et que si le reste ne va pas, ça ne sert à rien de continuer. Elle s’en posait des questions, mais se demandait surtout « qu’est-ce qui n’allait pas » ?


Les réponses sont parfois tellement évidentes qu’on refuse même d’admettre que ce sont les bonnes réponses. Tout simplement parce qu’on a besoin de les entendre. On a besoin de comprendre.


Et elle ne comprenait pas. Elle ne te dira pas qu’elle peut changer pour toi, elle ne te dira pas qu’elle peut t’aimer moins. Elle ne te dira pas qu’elle peut tout faire pour que tu l’acceptes, parce qu’il est des choses contre lesquelles on ne peut se battre. Mais elle pourra te dire à quel point elle est bien avec toi, à quel point elle se sent sereine, et surtout à quel point elle se fout de savoir que tu l’aimes moins qu’elle. Parce que ce n’est pas ça qui compte. Parce que ce n’est pas les fois où tu as l’impression d’être « agressif » qui comptent. Parce qu’elle ne croit pas aux contes de fée, et qu’elle sait que les histoires parfaites n’existent pas. Mais tout simplement parce que ce qui compte pour elle, c’est que tu te sentes bien. Que tu ne sentes pas opprimé par ce trop plein d’amour qu’elle a tant voulu t’imposer.


Bien sûr si c’est vraiment ce que tu veux, elle te quittera. Mais c’est sûr qu’elle sera triste, c’est sûr qu’elle pleurera. Parce qu’elle ne veut pas croire que pendant tous ces mois tu n’as rien ressenti. Tu n’imagines pas comme ça lui fait mal quand tu lui dis « un jour tu trouveras un homme qui t’aimes pour ce que tu es », parce qu’à travers ça, tu lui dis « je ne t’aime pas, et je ne t’aimerai jamais ». Que vaut la vie quand il n’y a pas d’espoir ? Que vaut le bonheur quand il n’est pas partagé ? Penses-tu vraiment ce que tu dis quand tu lui fais si mal ? N’est-elle rien de plus pour toi qu’un morceau de chair qui partage ton lit ? Elle a besoin de savoir.


Elle n’a pas besoin que tu lui dises que tu l’aimes si tu ne le penses pas. Elle n’a pas besoin que tu lui dises que tu as besoin d’elle si ce n’est pas vrai. Elle a juste besoin d’espérer que votre histoire peut exister, peut continuer, pour toi autant que pour elle.


Mais si même ça, tu ne le penses pas, alors elle rendra les armes.

Publié dans bureau des pleurs

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